Pédocriminalité

Compte-rendu de la réunion : "Comment Aborder la Question de la Pédocriminalité lors des Formations BAFA"

Date : Février 2024

Lieu : Paris

Participants : 8 formateurs BAFA

Objectif de la réunion :

L’objectif de cette réunion était de réfléchir collectivement à la manière d’aborder la question sensible de la pédocriminalité dans les formations BAFA. Les formateurs se sont interrogés sur les stratégies et les outils pédagogiques à mettre en place pour informer et sensibiliser les stagiaires, afin de prévenir les risques dans les Accueils Collectifs de Mineurs (ACM) tout en respectant la sensibilité du sujet.

Déroulement de la réunion

La discussion commence en rappelant l’importance de la vigilance en matière de protection des mineurs dans les ACM. Soulignons que les animateurs en formation doivent être bien informés sur la question de la pédocriminalité, notamment pour repérer les signes de comportements inappropriés, protéger les enfants et adolescents, et savoir réagir en cas de suspicion ou de situation alarmante.  

Nous insistons sur la difficulté d’aborder cette thématique en formation BAFA : comment sensibiliser sans effrayer, et comment préparer les futurs animateurs à réagir face à de telles situations tout en conservant une attitude professionnelle ?

Tour de Table : Expériences et Pratiques Actuelles

Chaque formateur a partagé son expérience personnelle sur la manière dont le sujet est actuellement traité dans les formations BAFA. Il est apparu que si le sujet est abordé, il reste souvent traité de manière théorique et générale, par peur de heurter les sensibilités. Quelques idées émergentes de cette première discussion :

• Formation juridique : La législation et les obligations légales de signalement sont abordées, mais sans approfondir les aspects psychologiques ou pratiques.
• Gestion des limites physiques et relationnelles : Certains formateurs mettent en avant des exercices sur les limites à respecter entre animateurs et enfants, mais sans nécessairement aborder explicitement le thème de la pédocriminalité.
• Manque d'outils adaptés : Plusieurs formateurs ont exprimé un manque d'outils concrets pour aborder ce sujet de manière adéquate avec les stagiaires.

Premier thème : La nécessité d’aborder la pédocriminalité en formation BAFA

Les participants ont d’abord échangé sur la nécessité d’aborder la pédocriminalité dans les formations. Tous ont convenu que, même si le sujet est délicat, il est crucial de sensibiliser les futurs animateurs, étant donné leur rôle central dans la protection des enfants.

• Prévention des abus : L'accent a été mis sur l'importance de la prévention. Il ne s’agit pas uniquement de sensibiliser aux dangers, mais aussi de former les animateurs à adopter des comportements protecteurs et à être des figures de confiance pour les enfants.
• Former à repérer les signes : Les formateurs ont insisté sur la nécessité d'apprendre aux futurs animateurs à repérer les signes de mal-être ou de comportements à risque chez les enfants (repli sur soi, blessures non expliquées, comportements sexuels inappropriés, etc.).
• Briser les tabous : Un consensus a émergé sur le fait qu'il est important de briser le silence autour de la pédocriminalité et d'en parler de manière transparente. Les animateurs, qui passent beaucoup de temps avec les enfants, doivent être conscients des dangers et être prêts à réagir.

Deuxième thème : Comment aborder la pédocriminalité avec les stagiaires BAFA

L'un des grands défis abordés était de trouver le bon ton pour discuter de la pédocriminalité avec les stagiaires BAFA, qui peuvent être jeunes et manquer d’expérience professionnelle. Plusieurs stratégies ont été proposées pour aborder ce sujet de manière adaptée :

• Adapter le discours en fonction de la maturité et de l’expérience des stagiaires. Par exemple, pour les stagiaires plus jeunes ou moins expérimentés, il est possible de commencer par des discussions sur les limites physiques et émotionnelles dans la relation animateur-enfant, avant d’aborder les aspects plus spécifiques de la pédocriminalité.
• Utilisation de supports pédagogiques : Il a été suggéré de développer des vidéos, des témoignages ou des mises en situation pour rendre le sujet plus concret et compréhensible. Cela permettrait d’aborder la question de manière plus directe tout en restant dans un cadre pédagogique. Un représentant d'une association spécialisée a proposé de fournir des ressources adaptées.
• Mises en situation : Plusieurs formateurs ont proposé d’organiser des jeux de rôle ou des simulations, où les stagiaires seraient confrontés à des situations ambiguës ou inquiétantes, et devraient réagir en fonction de leur rôle d’animateur (par exemple, que faire si un enfant confie un secret lié à un abus ?).

Troisième thème : Les outils légaux et pratiques

L’aspect légal a été au centre d’une partie des discussions. Les formateurs ont évoqué la nécessité de former les animateurs BAFA sur les obligations légales de signalement et sur les protocoles à suivre en cas de soupçons d’abus. Les points suivants ont été abordés :

• Connaître les obligations légales : Les formateurs ont insisté sur le fait que les stagiaires doivent être informés de leurs obligations légales en matière de protection des enfants et du processus de signalement à suivre.
• Informer sur les protocoles internes : En plus des obligations légales, les ACM ont souvent des protocoles internes de gestion des cas d'abus ou de comportements suspects. Les formateurs ont recommandé d'inclure cette formation dans le programme BAFA, avec des exemples pratiques.

Débat : Les obstacles à une sensibilisation efficace

Les formateurs ont ensuite discuté des obstacles rencontrés dans l’abord de ce sujet délicat :

• La peur de choquer ou de stresser les stagiaires : Il a été souligné que certains formateurs hésitent à aborder la question de manière frontale de peur de choquer ou de créer un climat anxiogène chez les stagiaires, surtout les plus jeunes.
• La complexité émotionnelle : La pédocriminalité est un sujet lourd, qui peut éveiller des émotions complexes, tant chez les stagiaires que chez les formateurs eux-mêmes. Il est donc essentiel de bien préparer les formateurs à gérer ces réactions émotionnelles.
• Le manque de temps en formation : La formation BAFA étant déjà très dense, certains formateurs s'interrogent sur la manière d’intégrer efficacement cette thématique sans alourdir le programme.

Conclusion : Synthèse et recommandations

En conclusion, les participants ont convenu que la question de la pédocriminalité doit être abordée de manière proactive et sérieuse lors des formations BAFA, même si le sujet reste difficile. Pour cela, plusieurs pistes d’action ont été identifiées :

1. Développer des modules spécifiques : Il a été proposé de créer un module spécifique dans le programme BAFA, dédié à la protection des enfants, incluant des formations sur la pédocriminalité, la reconnaissance des signes d’abus et les protocoles de réaction.
2. Utiliser des ressources adaptées : Les formateurs doivent avoir accès à des ressources pédagogiques adaptées, notamment des vidéos, des témoignages et des mises en situation qui permettent de rendre le sujet plus concret et compréhensible.
3. Former les formateurs : Avant de pouvoir former les stagiaires, il est essentiel que les formateurs eux-mêmes soient préparés à aborder ce sujet, tant sur le plan émotionnel que pédagogique. Des formations spécifiques pour les formateurs BAFA pourraient être mises en place.
4. Sensibilisation progressive et adaptée : Les participants ont recommandé de commencer par des discussions sur les limites et les comportements appropriés entre animateurs et enfants, avant d'aborder plus en profondeur la question de la pédocriminalité.

Prochaines étapes :

Il a été décidé de créer un groupe de travail pour développer des ressources pédagogiques et un module de formation sur la protection de l'enfance à intégrer dans le programme BAFA. Des réunions de suivi seront organisées pour échanger sur l’avancée de ce projet.