Compte-rendu du regroupement : Animateurs en ACM / Réseaux sociaux, quels impacts ?
Date : Mercredi 10 Avril 2024
Lieu : Comines
Participants : Animateurs d' Accueils Collectifs de Mineurs (ACM) / Formateurs BAFA et BAFD
Introduction :
Ce regroupement avait pour but de réfléchir à l'impact des réseaux sociaux, tant pour les animateurs que pour les jeunes, dans le cadre des Accueils Collectifs de Mineurs (ACM). L’usage des réseaux sociaux est devenu omniprésent, soulevant des questions sur ses bénéfices, ses dangers et son rôle dans les interactions sociales, en particulier pour les jeunes. Les discussions ont porté sur les aspects positifs et négatifs de cette influence, ainsi que sur des solutions à envisager pour une utilisation plus responsable et éducative des réseaux sociaux dans les ACM.
1. Impacts des réseaux sociaux sur les animateurs et les ACM
Aspects positifs :
- Outil de communication :
Les réseaux sociaux sont devenus des moyens rapides et efficaces pour maintenir le lien entre les animateurs, les jeunes et leurs familles. Les plateformes comme Facebook, Instagram ou WhatsApp permettent d’organiser facilement des événements, de diffuser des informations, et d’assurer un suivi après les séjours ou les activités.- Exemple concret : Un animateur peut utiliser un groupe WhatsApp pour informer les parents des heures de rendez-vous, des changements d'activités, ou pour envoyer des photos de la journée, offrant ainsi une communication transparente et instantanée.
- Moyen de promotion des activités :
Les réseaux sociaux permettent aux ACM de se faire connaître et d’attirer de nouveaux participants. Grâce aux publications régulières, les structures peuvent valoriser leurs actions en partageant des vidéos ou des photos des activités, créant ainsi une visibilité accrue auprès du public.- Exemple concret : Une page Facebook ou un compte Instagram d’un ACM peut être alimenté régulièrement avec des contenus illustrant la diversité des activités proposées, attirant l’attention des parents et des futurs participants.
- Partage de ressources pédagogiques :
Les réseaux sociaux permettent aussi aux animateurs de partager des idées d'activités, des ressources pédagogiques et des informations pratiques avec leurs collègues ou au sein de communautés professionnelles. Cette interaction facilite l'accès à des nouveautés, des supports éducatifs, et même à des formations en ligne.- Exemple concret : Un groupe Facebook réservé aux animateurs peut servir de plateforme d'échange où chacun partage ses réussites et idées d'animation, comme des jeux éducatifs sur l'environnement ou des activités manuelles.
Aspects négatifs :
- Manque de professionnalisme :
L’utilisation personnelle des réseaux sociaux par les animateurs peut parfois empiéter sur leur image professionnelle. Par exemple, des publications qui semblent anodines dans un cadre privé peuvent donner une image négative ou inappropriée aux jeunes ou aux parents lorsqu'elles sont mal gérées.- Exemple concret : Un animateur partageant une photo de lui lors d'une soirée festive pourrait altérer son image aux yeux des parents ou des jeunes, même si l'intention n'était pas négative à la base.
- Usage excessif pendant les heures de travail :
Le besoin constant de consulter ses réseaux sociaux peut nuire à la qualité du travail d'animation. Si les animateurs sont distraits par leur téléphone ou leurs notifications, ils risquent de perdre leur attention sur les jeunes qu'ils encadrent, compromettant ainsi la sécurité et l’efficacité des activités.- Exemple concret : Un animateur qui vérifie régulièrement ses réseaux sociaux pendant un atelier ou une sortie pourrait manquer une situation nécessitant une intervention ou un encadrement accru.
- Risques de cyber-harcèlement :
Les réseaux sociaux exposent les animateurs aux mêmes dangers que les jeunes, notamment le cyber-harcèlement. Qu'il provienne d'autres adultes, de jeunes ou même de parents, cela peut gravement affecter la vie personnelle et professionnelle des animateurs, entraînant des répercussions psychologiques importantes.- Exemple concret : Un animateur pourrait être la cible de messages désobligeants ou de critiques en ligne suite à une activité mal perçue, ce qui pourrait entraîner des conséquences émotionnelles négatives ou des tensions dans la structure ACM.
2. Impacts des réseaux sociaux sur les jeunes dans les ACM
Aspects positifs :
- Renforcement des liens sociaux et interactions :
Les jeunes utilisent les réseaux sociaux pour rester en contact avec leurs amis et les animateurs après les activités des ACM. Cela prolonge les relations nouées durant les séjours ou ateliers et permet de renforcer la cohésion sociale au-delà du temps passé ensemble dans les ACM.- Exemple concret : Des jeunes ayant participé à un camp d'été peuvent continuer à échanger des souvenirs et des photos via Instagram, renforçant ainsi les amitiés créées durant le séjour.
- Outil d’expression créative :
Les réseaux sociaux offrent aux jeunes un espace où ils peuvent s’exprimer de manière créative, notamment par la publication de photos, de vidéos ou de textes. Les animateurs peuvent encourager cette créativité à travers des ateliers qui utilisent les outils numériques de manière responsable et constructive.- Exemple concret : Un atelier de création de vidéos sur TikTok peut être organisé pour inciter les jeunes à produire du contenu positif et artistique autour de thèmes éducatifs comme le développement durable ou la solidarité.
- Accès à l’information :
Les réseaux sociaux sont aussi une source d’information pour les jeunes, leur permettant de se sensibiliser à des causes qui les concernent, telles que l’environnement, l’inclusion sociale ou les droits humains. Ils peuvent être un outil de prise de conscience citoyenne si les jeunes sont orientés vers des sources fiables et des contenus pertinents.- Exemple concret : Une campagne de sensibilisation sur Instagram, portée par une association environnementale, peut toucher les jeunes en leur fournissant des informations pratiques sur la réduction des déchets ou la préservation de la biodiversité.
Aspects négatifs :
- Addiction et distraction :
L’utilisation excessive des réseaux sociaux peut créer une dépendance chez les jeunes, réduisant leur capacité à se concentrer sur les activités physiques ou sociales proposées dans les ACM. Cela peut également entraîner une baisse de participation active aux ateliers et aux jeux.- Exemple concret : Un jeune constamment occupé à scroller sur son téléphone pendant un atelier en plein air ou une activité créative ne profite pas pleinement de l'expérience proposée par les animateurs.
- Cyber-harcèlement et pression sociale :
Les jeunes sont particulièrement vulnérables au harcèlement en ligne et aux pressions sociales. Ils peuvent subir des commentaires négatifs, être victimes de moqueries ou se sentir obligés de se conformer à des standards de beauté ou de comportement imposés par les réseaux sociaux.- Exemple concret : Une adolescente peut ressentir une pression énorme pour partager des photos d’elle-même sous un certain angle ou avec des filtres, afin de correspondre aux attentes de son groupe d’amis en ligne.
- Diffusion de contenus inappropriés :
Les jeunes, souvent par ignorance ou imprudence, peuvent partager des contenus inappropriés (photos, vidéos compromettantes, commentaires agressifs), qui peuvent avoir des répercussions durables sur leur réputation et leur bien-être.- Exemple concret : Un jeune partageant une vidéo compromettante d'un camarade sur une plateforme comme Snapchat peut entraîner une situation de cyber-harcèlement ou une rupture de confiance.
3. Solutions et pistes d’action pour les ACM
Encadrement et bonnes pratiques pour les animateurs :
- Formation à l'usage professionnel des réseaux sociaux :
Mettre en place des formations pour les animateurs sur l’usage professionnel et éthique des réseaux sociaux est essentiel. Cela leur permet de mieux comprendre l’impact de leurs publications et d’éviter les pièges liés à la gestion de leur image en ligne.- Objectifs concrets : Apprendre à séparer leurs comptes personnels et professionnels, à gérer leur e-réputation et à maîtriser la diffusion d'informations liées à leur activité professionnelle.
- Mise en place d’une charte d’utilisation des réseaux sociaux :
L'élaboration d'une charte spécifique dans chaque structure ACM peut permettre de clarifier les attentes et les limites d’utilisation des réseaux sociaux pour les animateurs et les jeunes. Cette charte doit inclure des règles sur le respect de la confidentialité, l’image des jeunes, et la gestion des publications pendant les heures d’activité.- Exemple concret : Une charte pourrait interdire la prise de photos ou vidéos des jeunes sans autorisation explicite des parents, et demander aux animateurs de limiter l’utilisation des réseaux sociaux durant les activités.
- Sensibilisation au cyber-harcèlement :
Organiser des sessions de formation ou d’information sur les risques du cyber-harcèlement est crucial pour équiper les animateurs des compétences nécessaires à la prévention et à la gestion de ces situations. Cela peut inclure des méthodes de médiation, de gestion des conflits en ligne, et des stratégies pour protéger les jeunes et les animateurs.- Exemple concret : Simuler des scénarios de cyber-harcèlement entre jeunes ou animateurs permettrait de sensibiliser chacun aux conséquences et d'élaborer des stratégies de résolution.
Encadrement et bonnes pratiques pour les jeunes :
- Ateliers de sensibilisation sur les dangers des réseaux sociaux :
Créer des ateliers réguliers pour informer les jeunes sur les dangers des réseaux sociaux est une nécessité. Ces ateliers peuvent inclure des jeux de rôle, des débats et des témoignages pour inciter les jeunes à réfléchir de manière critique à leur utilisation des réseaux.- Exemple concret : Un animateur peut organiser un atelier de mise en situation où les jeunes doivent identifier les risques d’une utilisation abusive des réseaux sociaux, comme le partage de données personnelles ou le cyber-harcèlement.
- Encourager l'usage responsable et créatif des réseaux sociaux :
Plutôt que de limiter ou d’interdire l’utilisation des réseaux sociaux, les animateurs peuvent orienter les jeunes vers des usages créatifs et positifs. Par exemple, en les encourageant à utiliser les réseaux sociaux pour des campagnes de sensibilisation ou pour partager des projets artistiques liés aux thématiques abordées dans les ACM.- Exemple concret : Un concours de création vidéo sur TikTok ou Instagram autour du thème de la solidarité ou de l'écologie pourrait valoriser la créativité des jeunes tout en ayant une portée éducative.
- Limiter l’usage des smartphones pendant les activités :
Les animateurs peuvent instaurer des moments sans smartphone pendant les activités pour inciter les jeunes à être présents physiquement et mentalement. Cela peut être encadré de manière ludique, par exemple sous forme de défis ou de récompenses pour ceux qui respectent les consignes.- Exemple concret : Proposer une récompense symbolique (comme un "badge de concentration") aux jeunes qui réussissent à passer une journée entière d’activité sans utiliser leur smartphone peut encourager une attitude plus responsable.
4. Réflexion entre formateurs BAFA sur les réseaux sociaux et leur impact
Les futurs animateurs en formation BAFA sont eux-mêmes des utilisateurs réguliers des réseaux sociaux et peuvent parfois manquer de recul sur leur impact. Les formateurs BAFA ont un rôle clé à jouer dans la sensibilisation des jeunes en formation à l’utilisation éthique et responsable des réseaux sociaux, tant dans leur vie privée que dans leur future carrière professionnelle.
Aspects à aborder lors des formations BAFA :
- Formation aux risques numériques :
Il est crucial d’intégrer dans le cursus BAFA des modules spécifiquement dédiés aux risques liés aux réseaux sociaux. Les formateurs peuvent aborder les thèmes de la gestion de l’e-réputation, de la protection des données personnelles, et des dangers comme le cyber-harcèlement ou les addictions numériques.- Exemple concret : Un atelier pourrait proposer aux jeunes en formation BAFA d'analyser leur propre utilisation des réseaux sociaux et d'identifier des risques potentiels. Ils apprendraient également à repérer ces risques chez les jeunes qu'ils encadreront.
- Approche éthique et professionnelle des réseaux sociaux :
Les jeunes animateurs doivent apprendre à gérer leur image de manière professionnelle, en particulier dans leur rôle d’encadrants. Ils doivent être conscients que ce qu'ils publient sur les réseaux peut avoir un impact sur leur réputation et sur la confiance que leur accordent les parents ou les jeunes.- Exemple concret : Simuler des situations où un animateur pourrait être confronté à un conflit lié aux réseaux sociaux, comme un jeune partageant une photo non autorisée, permettrait de réfléchir à une gestion éthique de ces cas.
- Responsabilité vis-à-vis des jeunes :
Les futurs animateurs doivent également comprendre leur rôle en tant que modèle pour les jeunes. En tant qu’adultes de référence, leur comportement en ligne doit être exemplaire. Ils doivent montrer aux jeunes comment utiliser les réseaux sociaux de manière responsable, en respectant autrui et en évitant de se conformer à des normes nuisibles.- Exemple concret : Proposer des discussions sur le rôle d'exemple des animateurs, en insistant sur l’importance de faire attention à ce qu’ils partagent sur les réseaux lorsqu’ils sont en contact avec des jeunes.
- Ateliers pratiques sur la création de contenus positifs :
Proposer des ateliers où les futurs animateurs créent eux-mêmes des contenus positifs destinés aux jeunes peut les aider à comprendre la portée éducative des réseaux sociaux. Cela permet également de les responsabiliser quant à l’influence qu’ils peuvent avoir sur les jeunes utilisateurs.- Exemple concret : Organiser un atelier de création de contenu vidéo sur des thèmes éducatifs ou de sensibilisation (par exemple, un court-métrage sur le respect de l’environnement ou l’importance de l’inclusion) peut aider les animateurs à voir les réseaux sociaux comme des outils pédagogiques.
Solutions et pratiques à intégrer au BAFA :
- Charte d’engagement numérique :
Chaque jeune en formation BAFA pourrait signer une charte d'engagement numérique, qui préciserait les comportements attendus sur les réseaux sociaux, tant dans leur vie personnelle que dans leur rôle d’animateur. Cela inclurait des règles sur la publication de contenus, le respect des jeunes, et l’utilisation éthique des réseaux.- Exemple concret : Cette charte pourrait inclure des engagements comme ne pas partager de contenus discriminatoires ou inappropriés, ne pas publier de photos de jeunes sans consentement, ou ne pas utiliser les réseaux sociaux pendant les heures d'encadrement.
- Simulations et études de cas :
Utiliser des simulations ou des études de cas réels pour sensibiliser les jeunes en formation BAFA aux situations problématiques pouvant surgir autour des réseaux sociaux. Cela leur permettrait d’analyser ces cas et de réfléchir aux solutions à apporter, à la fois d’un point de vue personnel et professionnel.- Exemple concret : Un exercice pourrait demander aux futurs animateurs de résoudre un cas de cyber-harcèlement au sein d’un groupe de jeunes ou de gérer une situation où un contenu inapproprié a été publié lors d’un séjour.
- Développer la citoyenneté numérique :
La formation BAFA doit également aborder la notion de citoyenneté numérique. Cela inclut la sensibilisation des jeunes animateurs à l'importance de leur rôle en ligne et à la manière dont ils peuvent utiliser les réseaux sociaux pour promouvoir des valeurs positives, telles que l'entraide, la tolérance et la responsabilité.- Exemple concret : Des sessions de réflexion collective sur la manière de devenir un "citoyen numérique responsable" pourraient encourager les jeunes en formation BAFA à utiliser les réseaux sociaux pour des causes utiles, par exemple pour organiser des collectes de fonds ou des campagnes de sensibilisation.
Conclusion :
Le regroupement des animateurs et la réflexion entre formateurs BAFA ont mis en lumière la nécessité d’encadrer l’utilisation des réseaux sociaux, tant pour les animateurs que pour les jeunes. Les réseaux sociaux peuvent être des outils puissants d'expression et d'interaction, mais ils doivent être utilisés de manière éthique et responsable. Pour cela, il est essentiel de sensibiliser les animateurs et les jeunes, et de mettre en place des solutions concrètes au sein des ACM et des formations BAFA pour garantir un usage bénéfique et sécurisé des réseaux sociaux.